Payer les impôts fait toujours peur aux citoyens. Akoua a connaissance de ce devoir civique qui l’a longtemps tourmentée avant d’aller au Centre de formalités des entreprises (CFE) à Lomé pour se régulariser. C’est avec un visage confus mélangé à une attitude hésitante que la commerçante quitte le bâtiment avec sa carte d’opératrice. Elle est convaincue à tort que la journée du 09 septembre 2022 marque le début d’une activité désormais formelle mais à la merci de l’Office togolais des recettes.
L’après-midi est particulièrement mitigé pour l’entrepreneure partagée entre un sentiment de soulagement et de vive inquiétude : « Maintenant, je dois me rendre à l’OTR pour compléter le processus, espérant avoir pris la bonne décision ».
Installée sur sa motocyclette, Akoua reconnaît avant de démarrer que c’est « un appel d’offres avantageux pour mon commerce qui me fait courir. Je ne peux pas postuler parce que je n’ai pas le quitus fiscal et mon entreprise n’est pas à jour ».
Une formalisation porteuse d’avantages
Soixante-douze (72) heures plus tard, la commerçante se rend dans les locaux de l’OTR avec les documents exigés. A lieu une conversation avec son interlocuteur David, employé à l’Office : « Votre démarche est précieuse pour vous-même et la société ».
L’OTR a collecté 504 milliards de francs CFA sur le territoire entre janvier et juillet 2022. Cette somme inclut les impôts, taxes, droits de douane. Elle est utilisée pour renforcer tous les secteurs socioéconomiques et bâtir un pays moderne.
Akoua commence par se détromper avec les explications de l’agent. Ce dernier lui fait comprendre que les revenus d’un État proviennent essentiellement des impôts des particuliers et des sociétés.
Un devoir garant de droits
La commerçante est ébahie : « Je me rends compte qu’une société sans impôts serait mal en point. J’ai toujours cru que l’impôt est une arnaque pour nous appauvrir. À bien y penser, je me trompais sur toute la ligne. C’est un outil de lutte contre la pauvreté qui nous donne accès à des services sociaux de base ».
Au départ, ce qui était une démarche moins désirée, est devenue une procédure honorant Akoua. Les semaines suivantes, l’entrepreneure postule à l’appel d’offres sans difficulté. Elle fait tourner son commerce dorénavant affranchi de toute illégalité, avec les privilèges y afférents.
« L’impôt que je paie n’est pas exorbitant. Il est proportionnel à mon activité et à mes revenus. Ce n’est pas un frein à l’expansion de mon commerce. Aujourd’hui, je suis arrivée à recruter des jeunes qui m’aident en contrepartie d’une rémunération mensuelle », confie plus tard la citoyenne toute fière d’aider son pays à émerger.
Tant vaut la taxe, tant vaut la collectivité locale
Akoua est une habitante de la commune du Golfe 7. Elle s’acquitte également de ses obligations vis-à-vis de la mairie : « Je vends plusieurs articles dans ma boutique bien en vue au bord de la route. Par mois, je paie mes taxes ».

Ces prélèvements non fiscaux atterrissent chez Mawuena Gnatikan, chef de la division des affaires financières de ladite commune : « La collecte des taxes est régie par la loi N°2019-006 du 26 juin 2019 portant sur la décentralisation et les collectivités locales. C’est l’article 332 qui concerne la procédure de fixation des taxes dans les communes. Le montant varie entre 100 et 250 000 francs CFA, voire plus ».
Les taxes servent au fonctionnement de la mairie. L’entretien du patrimoine (voies, écoles, marchés, hôpitaux, installation de poubelles et lampadaires solaires) est assuré par les taxes collectées. Au marché d’Adidogomé Assiyéyé, il y a des hangars installés grâce aux taxes perçues. Dans certaines écoles, des ouvrages sont construits pour faciliter l’apprentissage aux élèves ; sans oublier les routes entretenues.
Le soir à dix-huit (18) heures, Akoua ferme sa boutique pour revenir le lendemain de bonne heure. Savoir qu’elle participe à l’amélioration du bien-être la libère. Depuis ses démarches, son business fleurit. Elle ne regrette pas d’avoir formalisé son activité qui lui rapporte plus d’argent. C’est la récompense de son civisme fiscal, le jeu en valait vraiment la chandelle. Pour Akoua, c’est prêcher une convertie.