Chaque 31 août est dédié à la lutte contre l’absorption d’une substance en quantité supérieure à la dose limite supportable par l’organisme. Cette utilisation excessive est soit liée aux produits médicamenteux ou à la drogue. Une addiction qui ne dit pas son nom et qui est un grand problème de santé publique.
L’overdose a des causes diverses. Il peut s’agir d’alcool, des médicaments ou stupéfiants opiacés, des drogues stimulantes ou des médicaments sédatifs (benzodiazépines). Elle peut être aussi accidentelle ou volontaire. Selon les médecins, « le patient dépasse largement les doses prescrites pour obtenir l’effet escompté et bascule vers une saturation des récepteurs-cibles ».
Elle peut être ainsi assimilé à l’automédication. Et ce n’est pas sans conséquence. Les risques encourus sont souvent le coma profond et la mort. Même si le malade est sauvé, il garde des séquelles. Certains de ses organes « peuvent souffrir de lésions graves selon le type de médicament ».
Rappa en action
Au Togo, l’ONG Rappa fait de la lutte contre l’adduction son cheval de bataille. En collaboration avec le ministère du Développement à la base, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes, l’association a sensibilisé sur « Les effets de la consommation de l’alcool, du tabac et des rogues sur la santé des adolescents ». C’était le mardi 16 août 2022 à la maison des jeunes d’Amadahome. La séance a, a-t-on appris, « permis d’informer les jeunes sur la notion d’addiction, sur les différents types de drogues et leurs méfaits sur la santé physique, mentale, sur la vie scolaire, sociale et familiale ». Les participants ont été également outillés sur « les dispositions légales en vigueur au Togo en matière de possession, consommation et vente de dogues ». Un accent particulier a été mis « sur les attitudes et comportements à adopter pour ne pas tomber dans le piège des substances ».
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Bien avant, Rapaa s’est rendue 12 août dernier au Centre d’accès aux droits et à la justice pour les enfants. Le déplacement s’inscrivait dans le cadre de la sensibilisation. Il a surtout consisté en la projection d’un court métrage portant sur « L’addiction expliquée aux enfants ». Le film a présenté « les effets de la consommation de substances alcoolisées sur le fonctionnement du cerveau et explique le phénomène de la dépendance ». Comme on le voit, l’association est active sur ce problème de santé publique dont les victimes sont souvent la couche juvénile.
Outre le volet sensibilisation, l’association dirigée par Mme Catherine Touré a mené des études. Une étude sur les jeux d’argent Lonato (thèse de doctorant d’un membre de Rappa) (2018), une étude sur les terminologies employées à Lomé pour qualifier les drogues et leur usage (2014-2016) avec un atelier de restitution de l’étude et validation (novembre 2016), une recherche action sur les approches et bonnes pratiques à développer pour les interventions dans les ilots d’usagers de drogues à Lomé (2016), entre autres.
« Une épidémie silencieuse »
26 juin 2020, lors de la journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic illicite des drogues, Yark Damehame, le ministre de la Sécurité avait reconnu que « L’abus des drogues est devenu une épidémie silencieuse qui mine la jeunesse togolaise ». Dans son intervention, il avait laissé entendre que le Togo s’est doté d’un plan quinquennal de lutte contre la drogue.
Au Togo, les grandes annonces ne manquent pas. Elles foisonnent d’ailleurs à côté des textes. Dans la nuit du 09 au 10 juin 2022, au poste-frontière de Hihéatro dans la région des Plateaux, une cargaison de 1520 pains (soit 1500 Kg) de cannabis ont été saisis. En 2021, ce sont plus de 8 tonnes de drogues diverses qui ont été saisies par l’Office central de répression du trafic illicite des drogues et du blanchiment (OCRTIDB).
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Il s’agissait du cannabis (4,7 tonnes), de drogues de synthèse (3,3 tonnes) et de cocaïne (56 kg). La porosité des frontières en est pour beaucoup dans ce trafic de drogues et stupéfiants. Ces (rares) coups d’éclat des services des douanes n’occultent pas pour autant des quantités qui arrivent à passer à travers les mailles. Et ces cas semblent nombreux au regard du commerce des médicaments illicites. Des génériques contrefaits qui se vendent comme de petits pains au bord de la route.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) les médicaments contrefaits sont responsables de plus de 100 000 morts par an en Afrique.
En janvier 2020, le Togo avait organisé le Sommet international de Lomé contre le trafic des médicaments falsifiés. Du 22 au 26 août 2022, Lomé a été le centre des discussions lors de la 72ème du comité régional de l’OMS pour l’Afrique. « Nous avons fait des progrès considérables, mais il nous reste encore beaucoup à faire », a déclaré Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, lors de l’ouverture des travaux. Vivement qu’une attention particulière soit portée au phénomène grandissant et inquiétant de l’overdose.
Benoît Eklou / L’Echiquier