25 millions des avortements non sécurisés pratiqués sur l’ensemble des avortements dans le monde, entre 2010 et 2014, ont été recensés en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Sur le nombre total des décès enregistrés suite aux complications liées à ce phénomène, 44% sont des Africaines. Pour lutter contre les avortements, surtout clandestins, un atelier de deux jours a réuni une vingtaine d’acteurs à Lomé, les 22 et 23 juin 2022, dans le cadre du projet LAD (Large Anonymos Donors) en partenariat avec l’ATBF.
Les journées de réflexion sur la clarification des valeurs sur le changement de comportement sur la thématique de l’avortement ont réuni des membres de la société civile, des professionnels de la santé et des médias, des animateurs androgènes et enseignants. L’objectif est d’amener ces acteurs clés de la société civile venus de tous le grand Lomé à une connaissance accentuée de la thématique, des lois qui l’encadre et des bons comportements à adopter vis à vis d’une personne ayant effectué ou qui est sur le point d’effectuer un avortement.
Un sujet tabou
Dans les pays en voie de développement, les avortements sont souvent pratiqués dans l’illégalité sans suivi médical. Cela s’explique, d’après les spécialistes, par la pression sociale, la loi, entre autres causes. Le sujet reste un tabou au sein de ces sociétés à cause de son caractère délicat. Conséquences, les décès se multiplient.

Pour Aniffatou, sage-femme d’Etat participante à la rencontre, des agents de santé reçoivent au quotidien des personnes qui désirent se faire avorter. Acquérir donc de nouvelles notions sur comment les aborder est plus qu’important.
Des jeunes filles et femmes se rendent dans les cliniques pour les avortements. Nous n’avons pas le droit de le faire. Donc notre travail consiste à discuter avec ces filles afin de les emmener à changer d’idée dans la mesure du possible à travers une méthode de discussion appelée « counseling ». Dans le cas contraire, nous la renvoyons chez elle.
La pratique de l’avortement clandestin est interdite au Togo. Elle est punie par la loi et est passible de plusieurs années d’emprisonnement ferme et des amandes. Les peines concernent les auteurs, les complices, les co-auteurs, tous ceux qui sont impliqués dans l’acte. Cependant dans certains cas spécifiques, la loi autorise le recours à l’avortement.
Pratique dangereuse, chiffres alarmants
5708 avortements dont 1884 provoqués ont été enregistrés au Togo en 2013, selon le rapport annuel de la Direction de la santé maternelle et infantile et de le planification familiale (DSMI-PF). En 2020 le taux est passé à 9 922 avortements dont 1 581 provoqués. Une recrudescence due au fait que de moins en moins de femmes se rendent à l’hôpital lorsqu’elles désirent se faire avorter. Une pratique dangereuse selon Anagonou Basile, animateur endogène au CMS d’Adamavo
En tant qu’animateur endogène, dans notre communauté, nous recensons beaucoup d’avortements clandestins, et dans la plupart des cas, les femmes si elles ne meurent pas s’en sortent avec des infections, la stérilité, ou d’autres maladies. Ceux qui opèrent dans l’illégalité s’adonnent à cette pratique pour se faire de l’argent peu importe les conséquences sur les femmes.
Marie Ange Bouem est coordinatrice du projet LAD (Large Anonymos Donors) de lutte contre les avortements clandestins au Togo. « Les constats effectués au sein des communautés ainsi que les chiffres sur le phénomène, montrent clairement un taux élevé des avortements clandestins. Notre objectif est de lutter contre les avortements clandestins pour la préservation de la vie des femmes, car il s’agit d’un problème qui mine la société sans que personne n’en parle », affirme-t-elle.
Les participants à l’atelier ont désormais pour rôle de servir d’éclaireurs au sein de leurs communautés respectives sur les questions liées à l’avortement et le cadre juridique en vigueur.