« Et la suite… » : un trio d’artistes talentueux, entre sculpture et peinture

Entre peintures et sculptures. Trois artistes plasticiens togolais de renommée internationale et de différentes générations : Joseph Amedokpo, Barnabé Sallah et Gustave Djonda. Une exposition collective : « Et la suite… ». Organisé par la galerie Soraya, elle a réuni professionnels et amoureux de l’art, étudiants et spectateurs à l’hôtel Onomo de Lomé, du 10 au 17 juin 2022.

Un trio d’artistes talentueux, des œuvres fascinantes. Elles sont en parfaite harmonie avec le cadre qui les accueille, le jardin de l’hôtel.

« On doit se parler »

A l’entrée de la tente créée à l’occasion, des sculptures de Gustave Djonda exposées. Le plus jeune des artistes se sert du fer pour ériger des totems de béton habillés de la rouille. Des œuvres imposantes parfois décorées avec des perles et carreaux. Au-delà des conceptions traditionnelles, les perles ou ‘’Djonou’’ (en langue mina du sud) sont un accessoire de beauté. Quant à la « rouille, c’est tout une mémoire. Il très important de se souvenir de son histoire », explique le jeune artiste plasticien.

Gustave réalise des sculptures uniques ou en séries, souvent en cercle ou demi-cercle. Des figures qui renvoient au vivre en ensemble. Une valeur prônée par l’artiste. La thématique qui gouverne le travail du sculpteur, c’est la parole. « On doit se parler », dit-il. Un thème d’actualité. Si nous assistons aux conflits, c’est parce que les protagonistes n’arrivent pas échanger, soutient-il. « Parfois, on peut parler tout seul. C’est ce qu’on appelle la prise de conscience », explique-t-il. Ce qui explique la présence de sculptures parfois isolées.

« Parole à trois » est une sculpture en demi-cercle formées de trois personnes collées les uns aux autres. De taille et forme différentes, elle fait référence à la relation intergénérationnelle, ou encore à la famille constituée du père, de la mère et des enfants. Des totems noirs, cafés ou parfois clairs – avec ou sans cicatrices au visage. Une façon de représenter l’humanité dans toute sa diversité et richesse culturelles.

La vie en peinture 

Les tableaux de Sallah Barnabé et Joseph Amedokpo sont installées à l’intérieur de la tente. Le premier peint la vie de tous les jours. Face à ses œuvres, on sent une envie de l’artiste d’immortaliser les faits sociaux.

De ‘’l’Occupation matinale’’ à ‘’L’entraide’’, en passant par ‘’Les porteurs d’eau’’ ou ‘’Les chevaux en mouvement’’, ses tableaux sont réalisés à partir de la technique mixte et de l’acrylique sur toile.

Formé par son père, Barnabé s’est forgé une renommée dans le monde artistique. L’artiste met les spectateurs face à l’histoire. Avec ses 25 années d’expériences, il associe l’abstrait à l’expressionisme. Ce qui rend son art particulier.

« La vie est une suite… »

Joseph Amedokpo, 76 ans, le plus âgé du trio. Pour lui, « la vie est une suite » et il est important que les nouvelles générations prennent connaissance de l’histoire et des valeurs de leurs prédécesseurs. Ce qui justifie les différentes thématiques qui sous-tendent ses travaux : les valeurs culturelles et traditionnelles, les rituels et la culture africaine… Les tableaux d’Amedokpo traduisent l’excellence et la maitrise de son art. Des couleurs vives maitrisées avec des visages humains qui surgissent de part et d’autre. Il applique l’huile sur toiles – des sacs de farine recyclés, lavés et étirés.

« Aujourd’hui, je fais du semi-abstrait et de l’abstrait, parce que les gens ne s’intéressent plus beaucoup au paysage », affirme-t-il. La plupart de ses œuvres portent des noms en anglais. Est-ce parce qu’il a vécu au Nigéria et s’y est fait former ? Dans le cadre de l’exposition « Et la suite… », il expose plusieurs de ses toiles dont ‘’The initiation’’ – l’initiation en français (100 cm × 60 cm). C’est une représentation d’une pratique culturelle africaine. On y voit des femmes torses nues avec des perles au cou et aux mains, des masques, tambour, calebasse. Des instruments utilisés souvent dans les couvents – l’une des thématiques auxquelles s’intéressent l’artiste.

Elisée Rassan

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