Caviar mou met en lumière le quotidien des personnes dont l’apparence n’est qu’un masque qui cache une blessure intérieure. Récit de la Togolaise Sybil Tchédré, il est publié aux Editions continents en février 2022.
Akpénè est une jeune dame togolaise dotée d’un physique attrayant. Da yovo – la blanche en éwé, est-elle surnommée en référence à son teint métissé. Elle vit, depuis l’âge de 9 ans, un choc. Elle venait d’apprendre qu’elle est le fruit d’une relation hors mariage, entre sa mère et un Blanc qu’il n’a jamais connu. Plus tard, elle quitte Lomé pour Munich en Allemagne. Là, elle se forge une nouvelle identité. Celle d’une dame financièrement et matériellement stable et qui semble heureuse. Pourtant, elle est hantée par son passé. Après 18 ans passés loin de son pays d’origine, elle décide d’y retourner. Elle espère redécouvrir la belle ambiance qui y règne et retrouver Kodjo, son premier amour.
Caviar mou comprend 06 parties et une dernière intitulée ‘’Au nom du mâle’’. L’auteure décrit minutieusement les personnages, les lieux et les faits. Ce qui rend vivant le texte. Chaque partie du livre peut être considérée comme un épisode d’une série. D’ailleurs l’écriture très cinématographique de Sybil Tchédré peut faciliter son adaptation à l’écran. Le choix des personnages, espaces et les thématiques est influencé par ses origines et sa culture. Elle est Togolaise et est traductrice et interprète pour un cabinet basé en Allemagne. Le nom des personnages en dit long. Qu’ils s’agissent d’Akpénè, Djidjor ou encore Kodjo, la majorité des noms sont en éwé, langue parlée au sud du Togo.
Retour aux sources
Sybil Tchédré aborde plusieurs sujets actuels : l’infidélité conjugale et le sort des enfants ‘’bâtards’’, l’amour immodéré du luxe, l’éducation et la vie des Africains qui migrent vers l’Europe. Ces derniers font tout pour prouver à leur famille qu’ils sont heureux. Comme thème central, on peut évoquer la question de l’identité.
Le personnage principal incarne les personnes obligées de se créer une nouvelle identité pour se faire une place aux yeux du monde. A Munich, Akpénè aligne les sacs de marque et les chaussures en éditions limitées. Sexe, champagne et caviar rythment ses programmes du weekend. « D’une simple gardienne d’enfants mal élevés, je suis devenue la maitresse principale d’un richissime sexuellement impotent », dit-elle. Un succès qui n’est qu’une illusion. Parce que « ma poursuite de biens matériels n’était qu’une façade, une manière de couvrir la honte », regrette-t-elle finalement.
A Lomé, sa peau est un ‘’sujet de honte’’. Elle ne connait pas son géniteur et n’est pas sûre de ses origines. Peut-elle s’en passer ? A travers ce récit, Sybil montre que renoncer à son identité et son origine est une erreur fatale qu’on ne devrait pas commettre. Comme quoi, « on n’est jamais mieux que chez soi ».
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