
« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que ce jour (…) l’ambassadeur de France à Bamako, son excellence Joël Meyer, a été convoqué par le ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale [et] qu’il lui a été notifié la décision du gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de soixante-douze heures ». C’est l’extrait du communiqué des autorités maliennes lu à la télévision d’Etat le 31 janvier 2022.
L’ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, 60 ans, est en poste à Bamako depuis octobre 2018. Les autorités maliennes, dominées par les militaires, justifient son expulsion par les récentes déclarations jugées « hostiles » de responsables français à leur encontre.
« Ces déclarations tendent à remettre en cause et la légalité et la légitimité des autorités auprès desquelles l’ambassadeur de France est accrédité (…) Vous ne pouvez pas être accrédité auprès d’autorités que vous-mêmes vous ne reconnaissez pas », a dit, dans la soirée le ministre des affaires étrangères Abdoulaye Diop, à la télévision d’Etat.
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La ministre des Armées de la République française, Florence Parly, avait déclaré le 25 janvier que la junte multipliait « les provocations ». Son homologue des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian avait, deux jours après, qualifié la junte « d’illégitime » et ses décisions « d’irresponsables ». Ceci après que les autorités maliennes aient poussé le Danemark à retirer son contingent de forces spéciales.
Le colonel Abdoulaye Maïga, ministre et porte-parole du gouvernement transition avait déjà accusé mercredi Mme Parly et la France, de chercher à diviser les Maliens, d’« instrumentaliser » les organisations sous régionales et de conserver ses « réflexes coloniaux ». Il avait donné pour « conseil » à Mme Parly de se taire.
Une décision « irresponsable et inacceptable
La France est engagée militairement contre les djihadistes au Mali et au Sahel depuis 2013. Selon Le monde, elle y « a déployé plus de 5 000 soldats (…) avant de décider, en 2021, de réduire le contingent ». Le chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE), Josep Borrell, a qualifié la décision de la junte de « demande injustifiée » qui « isolera le Mali ». « Notre combat contre le terrorisme doit se poursuivre, mais sans doute dans d’autres conditions », affirme pour sa part le ministre des Affaires étrangères.
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Son homologue danois, Jeppe Kofod, a jugé « inacceptable » l’expulsion de l’ambassadeur français. « Le Danemark est totalement solidaire de la France », a-t-il publié sur Twitter. Il a qualifié d’« irresponsable » l’attitude de la junte et estimé que le Mali perdait sa « crédibilité internationale ».
Dans le communiqué diffusé lundi à la télévision, le gouvernement malien affirme néanmoins réitérer « sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux, y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence ».