Nobel de la paix : des soldats de la liberté de presse récompensés

La fondation Nobel innove. Elle récompense cette année et pour la première fois deux journalistes. La Philippine Maria Ressa et le Russe Dimitri Muratov sont les lauréats de l’édition 2021 du prix Nobel de la paix.

Enfin une reconnaissance mondiale pour les professionnelles de l’information. Maria Ressa de la Philippine, pays dirigé d’une main de fer par Rodrigo Dutterte et Dimitri Muratov de la Russie de Vladimir Poutine qui durcit les restrictions sur les entreprises de presses privées sont les représentants de ceux qui loin des projecteurs pratiquent un métier de plus en plus risqué, le journalisme. Pour la seule année 2021, l’organisation Reporter sans frontière a dévoilé en octobre une cinquantaine de noms de journaliste assassinés dans l’exercice de leur fonction. Ce prix Nobel vient réconforter ces braves hommes et femmes qui continuent au risque de leur vie à chercher la vérité et à la rendre publique.

Qui sont les lauréats ?

Maria Ressa est une journaliste Philippine connue pour avoir cofondé en 2012 une plateforme numérique de journalisme d’investigation dénommée « Rappler ». Son combat c’est d’utiliser la liberté d’expression pour « exposer les abus de pouvoir et l’autoritarisme croissant dans son pays natal, les Philippines », a souligné le comité Nobel. Lors de la cérémonie de remise des prix ce 10 décembre dans la capitale norvégienne, la lauréate a dénoncé la haine en prolifération : « la boue toxique » des géants de la technologie. Cette haine risque de provoquer le pire en nous a-t-elle ajouté.

Dimitri Muratov est l’un des fondateurs du journal Novaïa Gazeta en Russie. Âgé de 59 ans, l’homme par l’intermédiaire de son organe dénonce au risque de sa vie « la corruption, les violences policières, les arrestations illégales, la fraude électorale ». Ce faisant, six des journalistes de son organe ont déjà laissé leurs vies. Selon l’agence de presse publique TASS l’homme a déclaré au sujet de son prix : « Ce n’est pas mon mérite personnel. C’est celui de Novaïa Gazeta. C’est celui de ceux qui sont morts en défendant le droit des gens à la liberté d’expression ».

Comme tous les autres lauréats du prix Nobel, les deux journalistes partageront ainsi une somme de 10 millions de couronnes suédoises, soit 990 000 euros.