Tesprit ou l’art pour sauver les enfants de la rue

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Tesprit , artiste plasticien togolais
Tesprit , artiste plasticien togolais
Tesprit est un artiste plasticien togolais qui s’intéresse aux conditions de vie des enfants de la rue. Il se sert des sandalettes qu’il transforme en toiles. Ses œuvres plongent les spectateurs dans l’univers des « Djimakplao » – enfants sans éducation – en mina, sa langue maternelle. Elles racontent leur histoire et attirent l’attention de la société sur l’insécurité qu’ils vivent au quotidien.

Foli Gérard Tete à l’état civil, Tesprit vit et travaille à Lomé, la ville qui l’a vu naître en 1994. Autodidacte, Il démarre sa carrière par la peinture et le dessin. Après plusieurs années de pratique, il développe depuis mars 2020, une nouvelle technique basée sur le recyclage des sandalettes communément appelées « Djimakplao ». Une pratique née de la crise de la covid-19. L’artiste a été « contraint de se réinventer en utilisant des matériaux accessibles » et qui ont un lien direct avec l’être humain.

Des œuvres qui sensibilisent

Selon Tesprit, « on peut ressentir la misère d’une personne juste en regardant ses chaussures ». Il récupère les tongs dans les décharges et en fait de véritables œuvres d’art dominées par des couleurs pétillantes telles que le bleu, le rouge et le jaune. Elles retracent la vie de leurs précédents propriétaires, « ces enfants qui se promènent dans les rues ».

Tesprit couché sur les sandalettes recyclées
Tesprit couché sur les sandalettes recyclées

« Certains sont très intelligents. Si on avait bien pris soin d’eux, ils seraient de grande personnalités », soutient-il. La transformation des déchets en œuvres d’art illustre la capacité d’une personne à quitter un état pour un autre. « Ma maison, c’est mon atelier », déclare-t-il. Il y ramène des tongs usées pour « faire des portraits des enfants de la rue ».

C’est une manière pour moi de sensibiliser les gens à tourner un regard envers ces enfants qui n’ont pas les moyens nécessaires pour vivre.

L’artiste ne « reproduit pas le nez, ni la bouche des enfants ». « Ce visage vierge représente plusieurs personnes à la fois. Devant l’œuvre, chacun peut se faire une image de la situation que vivent ces enfants », explique-t-il.

Les histoires derrière les toiles de Tesprit

La majorité des œuvres de l’artiste portent des noms propres à sa culture. « Je leur donne des noms togolais (Mawena, Essi, Evalou, Wiayo…) parce que ce sont des enfants de la rue de chez moi que je reproduis. J’ai des contacts avec eux. Au Togo, il y a plein d’enfants dans la rue qui portent certainement ces noms », explique-t-il.

Essi de Tesprit
Essi de Tesprit

Essi représente une petite fille qui boit de l’eau dans un bidon sale de 05 litres. Du récipient, coule un liquide de couleur presque jaune. Soucis d’enfant (180.120 cm) quant à elle montre un petit garçon, visage triste, assis, les mains au menton. C’est un signe de déception. Soucieux, il incarne l’incertitude que vivent les enfants de rue face aux menaces sanitaires, violences, famine…

Soucis d'enfant de Tesprit
Soucis d’enfant de Tesprit

Tesprit a lui-même eu une enfance difficile, selon son témoignage. Faute de moyens pour « venir en aide pour le moment », aux enfants qui traversent des difficultés, il se sert de son talent.  « Le bon Dieu m’a donné un talent qui est l’art. Je m’en sers pour véhiculer un message pour leur venir en aide. Sûrement une personne sera touchée et tournera un regard vers ses enfants », espèrent-ils.

Des expositions de Tesprit

Les premières expositions baptisées Dzimakplao de l’artiste plasticien ont lieu en 2021 à Onomo hôtel au Togo, en partenariat avec l’institut Français de Lomé et à la Gallery Soview au Ghana. Il a exposé plus d’une quinzaine de toiles à Onomo, du 12 mai au 19 septembre 2021.

Tesprit fait partie des artistes plasticiens invités à ArtMéssiamé 2021, une résidence artistique qui a lieu du 08 au 21 novembre au musée Paul Ahyi à Lomé. Il est également invité à l’édition 2022 du Festival Gnanamaya, un rendez-vous annuel des arts plastiques à Bobo Dioulasso.

Comme Tesprit, l’artiste plasticien béninois Achille Adonon né en 1987 se sert aussi des chaussures abandonnées comme des baskets, mocassins, bottes, ballerines. Il les considère comme des enfants abandonnés. Il les récupère, les soigne pour leur offrir une nouvelle vie « dans un monde où ils peuvent s’exprimer librement ».

Elisée Rassan

◼️ Robert Art expose et vend ses œuvres pour aider les enfants démunis

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