A Lomé, les gonzesses sont au sommet de l’art de la roublardise. Difficile de les côtoyer sans une poche pleine de billets claquants. Gare au prétendant qui échoue à les impressionner le jour de leur anniversaire. Sans grand cadeau, il n’y a plus de feelings. Faut-il en rire ou en pleurer ? Les deux émotions peuvent s’entremêler sans difficulté ; et pour cause ! la situation est à la fois marrante et chagrinante.
La cruauté féminine est en train de saborder les couples. Célébrer un anniversaire est séant. Aux côtés de son partenaire – avec les moyens de bord – l’est tout autant. Mais attention, exiger de lui des cadeaux au-delà de sa capabilité s’assimile à un abus d’autorité semblable à celui d’un policier affamé et racketteur. C’est là que le bât blesse.
Swag, sorties coûteuses, dîner éléphantesque, un anniversaire ne peut pas prendre l’allure d’une fête ostentatoire dans un environnement où les jeunes peinent à joindre les deux bouts. Etrangement, plus on y pense, ce n’est qu’un jour de la semaine où la sobriété n’enlèverait rien à son importance. Pourtant, inconsidérément, en quelques heures, on jette par la fenêtre les économies de plusieurs mois.
« Ma petite amie m’a plaqué pour un autre »
Pourquoi ? « Je ne lui ai pas offert de cadeau d’anniversaire », a tristement confié Komivi, étudiant à Lomé. Bon sang ! Le monde s’effondre. On se souvient encore du roman de Chinua Achebe. Sauf que cette fois-ci, ce n’est pas pour raconter la vie précoloniale mais ces pagailles rigolo-amères et les absurdités d’un siècle où les relations amoureuses sont bizarrement conditionnées aux dépenses faramineuses.
Cette tendance maniaque qui grandit dans chaque coin de la capitale, vrombit les cœurs. Ces attitudes antijeu qui taclent impitoyablement les garçons suffisent pour affirmer, sans peur de se gourrer, que « la femme [pas toutes] n’a toujours pas changé ». Komi l’a appris à ses dépens.
Anniversaire des garçons, silence de cimetière
La stratégie cupide des filles devient davantage visible, rigide et risible lorsque vient le tour du jeune homme. Heureusement ! Chacun a son tour chez le coiffeur. Les plus attentionnées se contentent de formuler un « joyeux anniversaire ». Les je-m’en-foutistes s’attachent les services du silence pendant des heures avant de réapparaître les jours suivants. Cette injustice teintée d’insincérité, les deux aux arômes d’escroquerie déguisée, mettent à nu la volonté cruelle des filles à violer – jusqu’à ce que mort s’en suive – toutes les lois de la réciprocité.
Mesdemoiselles, ne mettez pas votre honneur aux enchères
« Un anniversaire est un jour pour se souvenir du temps passé et faire des projets ». Ces mots de Lume montrent que loin des initiatives festives démesurées, un anniversaire est une opportunité de jauger sa vie et poser les jalons pour un avenir avenant. Au besoin, on peut manger, boire, danser. Des proches vous remettront des cadeaux. Certains privilégieront d’autres moyens pour vous démontrer leur attachement. Justement, un présent n’est pas la seule preuve d’amour. A moins que l’idée cachée en arrière-plan de ces quémanderies soit de se vendre aux plus offrants, cette pratique mendicitaire doit être abandonnée avant le coucher du soleil.
Hommes, refusez d’être des pigeons
Halte à ces habitudes qui forcent les garçons à se surpasser dangereusement. Garçons, résistez à « où est mon cadeau d’anniversaire », cette formule abrutissante, soignée et pomponnée pour vous coincer. Sauve-qui-peut. Sans possibilités financières, ne fléchissez point face à « bébé », « choupinou » et tous les autres sobriquets chocolatés utilisés pour vous déséquilibrer mentalement et vous contraindre à agir. Par-dessus tout, une année supplémentaire à notre existence est une année de moins à notre vie. Devons-nous jubiler ou nous inquiéter ? Le véritable cadeau qui vaille, c’est la santé. Et c’est à Dieu qu’il faut le demander.
Augustin K. Akey
◼️ Bac II : « Ce n’est plus le moment d’organiser des veillées »
