Le président tunisien Kaïs Saïed, au pouvoir depuis la révolution de 2011, a suspendu les travaux du Parlement et démis le chef du gouvernement Hichem Mechichi de ses fonctions. Il a annoncé la décision dimanche, le 25 juillet après une journée de manifestations des populations contre les dirigeants tunisiens.
Après une série de manifestations à travers tout le pays en couvre-feu, le président a tenu une réunion en urgence avec des responsables des forces de sécurité, au palais de Carthage. Le président de la République a déclaré qu’il limogeait Hichem Mechichi, le chef du gouvernement, et qu’il allait nommer un successeur pour qu’il nomme une nouvelle équipe ministérielle dans les jours à venir.
Nous allons annoncer d’autres mesures pour sauver la Tunisie. Le peuple tunisien doit continuer sa révolution en toute légitimité et nous appliquerons la loi. Nous traversons des moments très délicats dans l’histoire de la Tunisie. Ce n’est ni une suspension de la Constitution ni une sortie de la légitimité constitutionnelle, nous travaillons dans le cadre de la loi.
L’article 80 de la Constitution permet au président de prendre des mesures exceptionnelles en cas de danger imminent pour le pays. Mais selon RFI, le texte n’est pas clair sur ces mesures et rien n’est dit sur le limogeage du chef du gouvernement, la levée de l’immunité des députés, ou encore le gel du travail du Parlement pour un mois. Le texte précise que le président doit aussi en référer à la Cour constitutionnelle. Elle n’existe pas pour le moment en Tunisie.
Le principal parti parlementaire, Ennahdha, dirigé par le chef du Parlement Rached Ghanouchi, est visé par ces mesures. Il avait soutenu Hichem Mechichi, le désormais ex-Premier ministre. Il s’agit d’un « d’un coup d’Etat contre la révolution et contre la Constitution », dénonce Ennahdha via un communiqué qu’il a publié sur sa page Facebook. Ses « partisans (…) ainsi que le peuple tunisien défendront la révolution », soutient-il.