A quoi ressemblerait une société sans impôts ni taxes ? La question vaut son pesant d’or, surtout à cette ère marquée par la détermination du Togo à parvenir au développement durable, capable d’épanouir les générations actuelles sans compromettre les chances de réussite de la postérité. L’impôt, ce prélèvement que l’Etat fait sur les ressources des entreprises et particuliers, est indispensable pour subvenir aux dépenses publiques. Il est quelque peu imposant, ce qui complique l’adhésion volontaire et renforce la méfiance populaire. Or, tout bien considéré, le respect des obligations fiscales est une condition sine qua non à l’émergence socioéconomique.
Pour bâtir une nation moderne, financièrement autonome, dans laquelle chaque Togolais peut avoir un sentiment de dignité et d’appartenance, les dirigeants ont nécessairement besoin de mobiliser des fonds. La collecte des impôts apparait alors comme une solution crédible pour équilibrer l’économie, soutenir la mise en œuvre du Plan national de développement (PND 2018-2022) et la feuille de route gouvernementale, destinés tous les deux à améliorer les conditions de vie des ménages et renforcer leur accès aux services sociaux de base : eau potable, électricité, hôpitaux, marchés, routes, centres d’accueil, etc.
L’impôt, un facteur de croissance
Payer ses impôts, c’est investir pour l’essor rapide et résilient du pays. L’Etat tire principalement ses ressources des prélèvements fiscaux et douaniers. Grâce à ceux-ci, il finance les secteurs de développement. En guise d’illustration, depuis 2008, l’éducation préscolaire et primaire est gratuite dans les écoles publiques au Togo. Ces frais non payés par les parents d’élèves et qui concernent à la fois le salaire des enseignants, la construction et la rénovation des salles de classe, l’achat des équipements scolaires et didactiques sont acquittés par l’Etat via les impôts.

Créé en 2012, l’Office togolais des recettes (OTR) est l’institution habilitée à recouvrer les impôts, taxes et droits de douanes pour le compte de l’Etat. En 2019, il a collecté plus de 624 milliards de francs CFA, puis 652 milliards l’année suivante.

Ces ressources ont été ensuite dépensées pour créer des emplois et la richesse dans le pays, combattre l’insécurité alimentaire, renforcer le capital humain à travers la santé et l’éducation pour tous, offrir aux foyers vulnérables un minimum vital commun, supprimer les inégalités, lutter contre la pauvreté et renforcer la protection sociale.
Quand l’impôt parle, le sous-développement se tait
Sans impôts et taxes, il est difficile pour les pouvoirs publics d’assurer la défense et la sécurité des habitants. C’est en s’appuyant sur l’apport des contribuables que le gouvernement lutte contre le terrorisme et protège les populations avec des interventions fréquentes de policiers, gendarmes, sapeurs-pompiers, ambulanciers.

Les travaux d’infrastructures socio collectives, d’aménagement du paysage urbain et rural, l’investissement local, la construction des logements sociaux sont couverts par les impôts collectés. L’expansion de l’agriculture, l’artisanat, l’élevage, la pêche, le commerce, le numérique, la justice, la protection de l’environnement, les arts, la culture, le sport, les transports, etc. dépend en grande partie des recettes fiscales.
Vive le civisme fiscal !
Le civisme fiscal est une aptitude citoyenne à se conformer aux règles fiscales. Aujourd’hui et plus que jamais, il doit être cultivé par chaque personne qui vit sur le territoire et y travaille, qu’il s’agisse de petites et moyennes entreprises ou industries, des entreprises de taille intermédiaire ou de grandes entreprises.
C’est un exercice moral, patriotique, honorant et conforme à la loi, d’autant plus que ces dernières années, un vent de réformes incitatives souffle sur le pays et améliore l’environnement des affaires, assouplit les conditions fiscales et permet de faire de grandes enjambées vers la prospérité.
L’impôt n’est pas une arnaque
Le budget togolais 2021 voté à l’Assemblée nationale s’établit à 1 521,6 milliards de francs CFA. L’Etat escompte que les recettes budgétaires soient de 839,6 milliards pour s’occuper convenablement de ses missions régaliennes. Clairement, le consentement des communautés à l’impôt demeure une composante fondamentale pour leur propre bien-être et celui de leur entourage.

D’ailleurs, les allègements fiscaux mis en application par le gouvernement au profit des opérateurs économiques, avec l’apparition de la covid-19, démontrent qu’en fonction du paysage, l’Etat peut assouplir ou mettre en suspens certains impôts ou taxes. Selon les besoins, les autorités peuvent être compatissantes ou moins exigeantes.
Au vu de l’importance des impôts ci-haut démontrée, on peut conclure sans se tromper que payer ses impôts de bon cœur, éviter la corruption, la fraude et l’évasion fiscale sont des actes civiques et précieux pour le bon fonctionnement de la société. Contrairement à la croyance générale, l’impôt n’est pas synonyme de baisse de chiffres d’affaires, ni de réduction d’opportunités de réussite pour les entreprises, encore moins d’escroquerie mise en place par l’Etat à des fins inconnues. Il est le socle du bonheur, la garantie d’une croissance économique pérenne. Quel que soit l’effort qu’il exige, le paiement des impôts est une responsabilité à laquelle l’on ne doit pas échapper. En revanche, l’administration a l’obligation d’une gestion efficiente des fonds. Il lui incombe de rendre régulièrement compte aux contribuables pour accroître le degré de confiance mutuelle afin que, pour toujours, règnent la stabilité politique et l’harmonie sociale.
Augustin K. Akey